Mascaria
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion
-50%
Le deal à ne pas rater :
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
69.99 € 139.99 €
Voir le deal

Partagez
 

 Les Lions de Maésie

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Léandre Ua Duibhne
» Messages : 40
» Date d'inscription : 21/09/2013


Les Lions de Maésie Empty
MessageSujet: Les Lions de Maésie   Les Lions de Maésie EmptyMar 8 Oct - 9:50

Bonjour à tous. Je vous livre en deux postes ma nouvelle Les Lions de Maésie que certains ont pu lire sur la fiche de Léandre. En espérant vous faire patienter.

J'entends aussi faire un poste qui reprendra toute les légendes que j'ai écrit au cours de la fiche de Léandre, de ces aventures passés (que vous trouverez ici quand je les aurai écrite) et que j'inventerai pour les besoins du rp. Voila, bonne lecture à tous.

Partie 1:


Arkai dit à son fils: tu savais que tu n'étais pas moi alors tu es devenu qui tu devais être. Tu as bien fait. Maintenant tu es aussi grand que moi et je te considère comme mon égal car tu es devenu un homme - Ozon le Sang-mêlé


Les premiers rayons du soleil s’irisaient sur l’océan quand les ailes puissantes des aigles se déployèrent. Tout doucement ils s’élèverent dans les airs jusqu’à ce que le Coureur-d’Ambre qui les avait jusque là portait ne soit qu’un petit point noir à l’horizon. Le zéphyr s’était tu. Il régnait sur les flots une douce harmonie, un calme plat au-dessus duquel se mêlait les ténèbres de la nuit et les premières lueurs de l’aube. En ce moment précis le monde n’existait pas encore et l’univers tout entier sembait n’être qu’un immense océan sur lequel voguait le gallion et dans les airs duquels s’amusaient les dompteurs d’aigles. Léandre Ua Duibhne avait pris la tête du triangle, menant quatre de ses hommes par-dessus la mer afin de parcourir la distance qui séparait le navire marchand des côtes Maésiennes. L’itinéraire lui revenait d’un lointain souvenir, les images apparaissaient… il avait déjà empreinté cette route, volé dans ces ethers, et il savait comment se diriger vers leurs destinations. Ce parcours, il l’avait effecté sous la pluie et le vent, dans l’obscurité de la nuit ou sous la chaleur léthale du soleil d’été. Le trajet journalier partait donc pour lui favorablement, sans difficulté apparente. Il insipira profondément, sentait l’air glacé des hauteurs lui pénétrer les poumons et laissa vibrer profondément en lui-même cette certitude désormais acquise que rien en ce monde n’était plus beau que le vol. Il ferma les yeux pour communiver avec son partenaire, son ami, l’aigle de Fae qui répondait au nom de Cendre, comme pour signaler le gris très foncé de son plummage, à la limit du noir. Parfois les deux se confondaient et l’on ne savait plus vraiment de quel couleur il était. Le dosage était subtil, l’harmonie réussie et cet aigle faisait à n’en pas douter la fierté du jeune Léandre. Il sentit la bête vibrer sous lui, son envie de s’élever plus haut, plus vite, plus fort, mais ne put répondre à ce désir qui les animait tout deux. La formation se devait d’atteindre Fom au plus vide afind de commencer les négociations avec le Protecteur du Comté.

Léandre ne s’était pas entouré des meilleurs combattants à sa disposition, se souvenant que le chef d’une faction illienne doit d’abord faire impression quand il se déplace en territoire non-hostile. Il avait choisi soigneusement son escorte parmis les hommes à sa disposition. Ces derniers, Léandre le savait pour avoir passer six longues années à se battre à leurs côtés, étaient friands d’exostismes, curieux par nature et ne voyait que très rarement des aigles de Fae. Elia était un jeune sang-mêlée, tout comme lui, en provenance direct d’Igna. Il avait grandi dans les faubourgs de Solaria, à l’instar de son capitaine, avant de s’engager comme son ainé dans le contingent des dompteurs. Fraichement recruté, il était encore maladroit en vol, bien loin des meilleurs éléments à la disposition de la princesse d’Igna. Mais son allure puissante et musculeuses, sa peau mate et ses yeux dorées lui donnaient un air féroce que ses qualités de combattant ne démentaient pas. Il était aux yeux de tous l’archétype même du Sang-mêlé et provoquerait surement une forte impression sur les maésiens. Pour fermer l’aile droit de la formation se trouvait Istan de Léos, un dompteur agé dont le maintien altier, le visage marqué par les vents et le sels et la profondeur de ses yeux lui donnaient aux yeux de tous des allures de capitaines. Il était le bras droit de Léandre et savait faire preuve de sagesse. Il était aussi connu à travers les îles et peut être même en Maésie pour sa longue carrière de dompteur, ce qui serait à la fois un signe de respect pour le Protecteur et pour Istan lui-même. Les deux derniers membres de l’équipe qui composaient l’aile gauche était deux jeunes illiens d’une vingtaine d’années. Ils étaient habillés en pagne malgré le froid des étendus aériennes, leurs peaux étaient halés comme l’est celle de ces gens là et leurs corps montraient cicatrices et muscles saillant, à l’instar de ceux qu’ont les combattants. Mais plus que tout, ils possédaient les deux aigles les plus impressionnant de la compagnie, deux géants à côté de qui Cendre ressemblait à un moineau.

Léandre leva le bras et la formation se mit à descendre. Le soleil était désormais proche de son zénith et l’air se chargeaient petit à petit des lourds effluves de la terre. Il se faisait moins salés, moins vif. Les cotes Maésiennes enfin apparurent comme de vieilles amies. Le groupe se mit à ralentir puis après avoir voler circulairement au –dessus de la ville pour laisser le temps aux Maésiens d’appréhender la situation, amorca sa descente vers le palais du protecteur. Dans la cours de celui-ci se trouvait plusieurs arbalétriers qui suivaient de leurs carreaux mortels la descente des aigles. Xian Ellen, protecteur du comté de Fom, se trouvait là, tranquillement adossé sur une des colonnes de marbre de son palais. Il n’était pas soucieux pour sous. C’était un homme affable, intelligent et passioné de culture illiennes, qui avait su percer au sein de l’empire Maésien. Il avait était de ceux qui avaient combattu Hizan lors de la bataille qui l’avait mené au titre de roi des pirates deux ans auparavant. Seulement deux ans… cette époque semblait être révolu depuis une éternité pour le jeune Léandre. A cette époque, il servait comme mercenaire sous les ordres de Xian, et avait su s’imposer très vite comme un des hommes forts de son armée. Puis après la défaite contre Hizan, après des années d’errances à la recherche de l’apre liberté, Léandre était finalement rentré à Igna. Les aigles se posèrent délicatement, inspirant respect et craintes parmis les rangs Maésiens. Léandre mit pied à terre sans daigner regarder les arbalétriers qui le suivaient encore du regard. Certains devaient l’avoir reconnu. Xian s’avança et s’inclina respecteueusement.

« Léandre Ua Duibhne, première lance de la cours princière. C’est un plaisir d’accueillir en notre demeure un partenaire aussi important. J’espère que vous apprécierait notre hospitalité ».

Il en allait souvent ainsi avec les Maésiens, les conventions devaient être respectés et le temps se passer avant qu’enfin l’on puisse parler des affaires qui nous préoccupent. Léandre s’inclina et répondit.

« Xian Hellen, protecteur du conté de Fom. C’est un honneur qu’être votre invité et je connais votre hospitalité pour avoir entendu des hommes la louer si souvent. »

Le maésien qui lui faisait face était richement vêtu. Ses traits étaient encore ferme, son corps toujours affuté pour le combat, malgré un âge déjà avancé. Sa posture inspirait à tous la plus grande sérénité. Il reprit de sa voix suave.

« Peut-être me ferait vous l’honneur de partager avec moi un peu de tabac. Un narguilé vous attends »

Léandre aquiésa et suivit son hôte à travers les colonnades du palais. Ils arrivèrent dans une pièce privé qui servait de salon pour Xian et sur lequel se tenait une magnifique chica en bronze, finement ciselé. Autour d’eux, le décor était plein de sculpture venus des îles d’étés ou du peuple libre. L’influence de ses deux cultures se mêlaient en un raffinement tout maésien pour donner un exotisme et un charme rare. Quelque parts entre ces objets, Léandre remarqua une sculpture en argent dans un genre qu’il ne connaissait pas. Il s’agissait à l’évidence d’une symbolique tribale mais il ne pouvait en deviner la provenance. Xian se fendit d’un sourire en remarquant son trouble et prit la parole.

« Votre connaissance en matière d’art n’est un secret pour personne, Léandre au Sang-mêlée. Qu’en pensez vous ? »


Léandre marqua une pause par politesse.

« Le sculpteur est talentueux. Les lignes qui s’entrelacent. A première vu on dirait un arbre mais si on regarde bien on voit plus. Les racines ne font pas que se planter dans la terre. Elles semblent se resserer autour de ce qui pourrait être la représentation d’un homme… et d’une bête de l’autres côtés ».

Il s’approcha de l’œuvre quelques instants pour l’examiner avant de prendre place devant le narguilés.

« Cela doit exprimer une sorte de communion entre la nature et l’homme. Ca resemble à de l’art primitif mais je pense que c’est un faux. La symbolique est trop développé, l’accès à la nature trop complexe, la puissance manque de… brutalité. »

Xian s’empara du narguilés et inspira.

« Votre réputation est dument mérité, Léandre. Il s’agit d’une sculpture faîtes ici sur cette île par un explorateur à mon service. Il représence le concept de Vaenan des Naratorïas. J’aimerai un jour m’approprier une de leurs sculptures mais ce n’est pas chose simple ».

Léandre sortit de son sac une petite sculpture de bois et la tendit à son interlocuteur qui l’examina avec intérêt.

« Il s’agit de Lulia, la déesse de la fertilité. Elle apporte à nos champs la prospérité et nous assure de bonnes récoltes. Cette représentation est nommée l’Aubade. Elle représente la déesse non pas sous les traits d’une femme enceinte mais sous celle d’une jeune adolescente. L’Aubade apporte avec elle une différente symbolique, plus rare et moins répandue que celle de la mère nourricière. Elle signifie que la terre est précieuse, comme l’est notre fille et que c’est à nous de la protéger et de l’instruire afin de pouvoir en tirer la plus grande fierté. Elle est plus souvent révérée à l’automne, après les vendeanges, pour nous rappeler combien il est important de bien traiter notre terre afin de pouvoir en récolter les fruits une année de plus ».

L’homme demeurait paisible et continuait d’examiner la statuette avec intérêt.

« Cela pourrait-il être la fille de Lulia plutôt qu’une autre représentation ? »

Léandre laissa le tabbac lui remplir les poumons, exhalant avec douceur le léger gout de pèche blanche qui venait parfumer l’herbe. Il n’était pas volontiers fumeur mais certaines propositions ne se refusaient pas dans un palais Maésiens. Sa mission était pour l’instant sur de bons rails, le contact avait été établi de manière amicale et c’était pour traiter avec les Maésiens une chose difficile à faire. Sur les iles, les affaires et la relation entre les deux parties prenantes étaient pour tout dire indissociables et il était aussi important de parler affaire que de socialiser avec les partenaires. Mais une fois la relation établie, il était possible de parler argents et accords assez facilement. Les étapes pouvaient être raccourcies voir simplement supprimer. Ici, tout devait se faire avec respect. La prise de contact devait suivre un cheminement bien précis. La relation entre les individus y était également importante mais il fallait prendre le temps de rendre à la hiérarchie les honneurs qui lui sont dus avant d’entamer avec eux les sujets délicats.

« Certains le prétendent. Pour ma part je ne sais. Nous autres illiens nous ne sommes pas versés dans les querelles métaphysiques et ils ne nous importent pas qu’elle en soit la fille ou une représentation plus jeune. Ce qui compte est ce qu’elle représente et la fertilité dans nos champs ».

Xian aquiesa avec douceur. Son regard s’était empli d’une certaine nostalgie. Le tabbac avait commencé à agir légèrement sur les deux hommes, les entrainants dans un doux brouillard où le temps semblait s’arrêter. Sérénité était présente dans cette pièce où deux hommes discutaient maintenant comme de vieux amis.

« Tu te rends compte du chemin effectué ? Il y a 7 ans de cela, tu n’étais qu’un jeune mercenaire qui espérait vivre livre à la pointe de l’épée. Maintenant tu es à la tête de la branche armée d’une des plus puissante faction hors de Maésie, et tu viens me parler d’égal à égal. »

« Je garde un profond respect pour vous, Xian Hellens. C’est en partie grâce à vous que j’en suis la… »


« Quel est le but de ta visite, jeune Léandre »


« C’est à propos des caravanes d’Igna qui ont été attaqué sur le sol maésien par des brigands. Les hommes responsables de l’attaque s’appelle eux-même les Lions de Maésie… As-tu entendu parler de leurs agissement ? »


« En effet. C’est une situation compliquée que tu viens porter à mon attention Léandre. Ces gens sont officiellement hors de ma juridiction, leurs bases se trouvant dans le duché voisin. Cependant je sais qu’ils agissent aussi sur mes terres… J’ai bien sur soulevé le problème à mon estimable pair, mais celui-ci ne semble pas vouloir s’en occuper ».

« Et pour cause. Leos se montre généreux afin qu’il garde le petit doit bien à plat. Quand aux Lions de Maésie, il se paie sur la bête… et en l’occurrence la bête, c’est moi. »


« Une bien regrettable situation mais ca ne change rien. J’ai les mains liés… »


Xian marqua une pause regardant le jeune homme dans les yeux.

« Si tu me parlais de ton plan pour régler le problème… Car c’est pour ça que tu es là, n’est ce pas ? »

Un sourire fendit le visage du dompteur. Xian le connaissait bien.

« Un navire rempli de marchandises arrivera à Fom demain. La caravane prendra la route vers l’intérieur des terres le lendemain. Mais les hommes chargés de l’escorter seront remplacés par des mercenaires généreusement payées. J’ai besoin de savoir où les bandits se cachent exactement. Les mercenaires se chargeront du reste ».

« Une bien dangereuse initiative… Si la capitale apprends qu’une faction étrangère envoit des mercenaires rendre la justice sur nos terres, cela créerait des tensions diplomatiques qui dépasseraient mon pouvoir. »

« Elle ne l’apprendra pas. Les mercenaires sont payés par un riche marchand Maésien qui a intérêt à s’impliquer dans cette affaire. Il est prévu qu’il bénéficie d’important soutien de notre part pour le commerce en échange, mais il s’agit là d’un accord officieux. J’ai besoin d’un guide et d’un peu d’attentisme de la part des autorités locales afin de permettre aux mercenaires de se disperser. Moi-même resterait bien en vue ici le temps que cette affaire soit réglé afin que nul ne puisse m’accuser d’ingérence dans vos affaires… »


Un léger silence se fit pendant lequel Xian cherchait surement à décider de la marche à suivre. Léandre s’empara d’un briquet sculpté selon la mode maésienne la plus raffinée, posant ses doigts rugeux de lancier sur le corps dorée d’une sirène, et ralluma la pierre incandescente avant de tirer une longue bouffée sur son narguilé. Le pour ou le contre était relativement simple dans cette affaire mais Xian avait raison, s’ingérer dans les affaires de l’empire n’était pas une chose à prendre à la légère. Mais ne pas répondre à la menace que Leos venait de faire planner sur Igna était comme un encouragement à continuer… C’est pour ça qu’il avait tout préparer pour que Xian accepte… Celui-ci ne serait impliqué qu’un minimum, les mercenaires s’évaporeraient dans la nature avant qu’on sache leurs noms et ne savaient de toute façon pas qui était leur véritable commanditaire. Enfin le marchand maésien impliqué dans l’affaire était un personnage trop important pour que le prince de Léos puisse s’en prendre à lui… Il ne restait plus que l’accord des autorités locales pour pouvoir agir… Un peu d’attentisme pour laisser les mercenaires se disperser après coup… Pour leur laisser le temps de disparaître. Et la localisation de la cible.

« Il fut un temps où tu aurais fondu seul sur ses bandits pour régler ce problème à la pointe de l’épée »

« Il fut un temps où j’étais mercenaire. Je sers la princesse d’Igna maintenant. Je ne peux plus me permettre ce genre de bravades. Et puis les Princes Marchands sont des rivaux trop dangereux pour agir de manière… Inconsidéré ».

« Je suis d’accord avec toi. C’est pour ça que je ne peux pas me permettre de les doubler en vous favorisant. »

Xian se leva en regardant le jeune homme avec une tendresse presque paternelle.

« Cela dit j’ai entendu dire qu’un homme nommé Alsius savait beaucoup de choses quand à cette région. Tes hommes le trouveront à la Sirène Céruléenne sur le port. Mes hommes seront en mission de sécurisation des cotes pour les deux prochaines semaines… Si tes dompteurs d’aigles et toi-même voulez nous aider, ce serait avec un grand plaisir. Sinon mon palais est à ta disposition le temps de ton séjour ici. »

Léandre sourit avant de s’incliner en un profond respect.

« Merci Xian. Je vous aiderai avec plaisir pour la sécurisation des côtes ».

Le Maésien aquiésa. Les deux hommes étaient désormais debout, se faisant face.

« Dis-moi Léandre, ça ne te manque jamais l’aventure ? Les exploits, la vie soltaire, la liberté ? Le temps qui a fait de toi l’homme qui couche avec les requins, le commandeur des brumes, le très-haut, Pied-ailé… et je dois oublier quelques un de tes surnoms… Je me demande parfois si la moitié des exploits qu’on te prête sont vrais ? ».

« Je suis libre. Je sers mon pays tel que je le désire, et du mieux que je peux. Qu’est ce qu’un homme peut espérer de plus ? »

« C’est à toi de me dire. Qu’est ce qu’un homme peut espérer de plus, Léandre ? »


« Tout »


Partie 2


Sous le regne d'Oréon vécut un grand sage
Dont les récits inspirèrent le coeur des hommes.
Il s'appelait Ozon
- Anonyme

Les heures s’égrenaient comme de longues goutes d’eaux tombant d’une stalagtite. Leurs bruits sur la roche humide brisaient le silence d’une raisonnance infernale qui poussait l’esprit de Léandre aux limites de la folie. La première semaine d’attente s’était écoulée dans un calme relatif ; pour ne pas rester inactif, le jeune homme avait rejoint une opération militaire maésienne le long des côtes, avec la bénédiction de Xian tout heureux de récupérer l’un de ses meilleurs éléments, ne serait-ce que pour une courte semaine. Puis l’attente était devenue insupportable. Les mercenaires ne donnaient pas de nouvelles, une nouvelle attaque des lions de Maésie avait été reportée et pour ne rien arranger, des pirates s’en étaient pris à un convois ignan au large de Fae. Les rapports de Lisidri était des plus inquiétants et le jeune homme mourrait d’envie de s’envoler vers le sud afin d’aider ses confrères à monter une opération punitive contre les forbans. Mais une lettre de Maylis l’avait rappelé à son devoir en lui signifiant qu’éliminer l’influence de Léos sur la cote Maésienne était d’une importance capitale. Léandre s’était donc contenté d’une réponse concise à Lisidri en lui donnant les quelques informations qu’il possédait sur les malfaiteurs en question.

Sur le sable d’entrainement du palais de Xian, les mercenaires s’épuisaient les un après les autres. Insatiable, le sang mêlé continuait ses entrainements de longues heures durant, jusqu’à l’épuisement. Même Elia, qui était un des hommes les plus endurants de son escouade, du s’avouer vaincu et Léandre se retrouva à infliger à un mannequin d’entrainement de longs coups de lances qui venait se perdre comme autant de cris de désespoirs d’une situation qui en devenait intenable. Une semaine pour se rendre sur place, une semaine pour éliminer les bandits, une semaine de retour, alors pourquoi s’obstinaient-ils à ne plus donner de nouvelles ? Le soir, de longues heures durant, il retrouvait Xian après le repas et les deux hommes conversaient paisiblement, jouant parfois au go ou aux échecs. Une ou deux fois, un conteur vint pour raconter des légendes de ces contrées exotiques, apaisant pour quelques heures le cœur de Léandre qui écoutait avidement afin de graver dans sa mémoire les histoires qu’il entendait. Il avait toujours eu un intérêt prononcé pour les légendes… La voix des conteurs s’envolait légèrement dans l’air, portée par un parfum de mandoline qui s’égrenait par raisonnance successive dans une transe musicale pénétrante. Xian avait les yeux mis clos et tirait longuement sur son narguilé. Léandre se contentait de regarder le visage du conteur se formait et se déformait à mesure que l’histoire avancé et se concentrait sur la voix douce et chaude qui se modulait selon les étapes du récit.


Il y a très longtemps dans un lointain village de Maésie vivait un jeune homme qui était amoureux de la fille du Duc. Il était d’une famille pauvre et le Duc de cette région était un homme fier qui refusa de marrier sa fille à un garçon du peuple. Mais c’était aussi un homme bon et généreux qui avait su voir l’amour de sa fille. Alors il dit au jeune homme :

« Si tu parviens à prouver à tous que tu es un homme de valeur, alors je te donnerai la main de ma fille ».

Les deux jeunes gens sentirent leurs cœurs s’emplirent de joie car le garçon était brave et courageux et tous louaient son intelligence, ses aptitudes et ses ruses. Décidant que pour être à la hauteur de son aimée, il devait être le plus fier possible, il décida qu’afin de prouver sa valeur à tous, il graverait le mont Enyamang, qui comme tout le monde le sait perce le ciel pour abriter en son sommet le palais de Zegna. Il dit au duc

« J’irai rendre visite et je te ramènerai la pierre d’ether pour te prouver mon exploit »

Puis après avoir pris conseils de tout ses amis et de ses frères, les salua chaleureusement et se mit en route vers la montagne.

Après une longe ascension, il trouva un vieille ermite qui habitait sur le flanc de la montagne dans une petite cabane en bois. Celui-ci lui vint trouver le jeune homme et lui dit

« Toi qui veut atteindre le palais d’un dieux, aurais tu le cœur de donner ton manteau à un pauvre homme ? Les nuits sont longues et froides sur le flanc de la montagne et ma cabane en bois n’est pas suffisante pour me tenir chaud à elle toute seule ».

Le jeune homme était embêté car l’ascension était longue et son manteau le garderait bien chaud durant tout le trajet. Mais l’ermite était pauvre et agé alors il donna son manteau à l’ermite. Pour le remercier, le vieil homme lui offrit un bol de soupe qui rendit des forces aux jeunes hommes et lui perminde reprendre sa route plus fort qu’avant.

Quand il arriva sur le second plateau, l’hivers se déclencha dans toute sa fureur et une tempête de neige entoura le jeune homme. Mais la soupe l’avait renforcé et ni la neige ni le vent ne purent faire vaciller sa volonté. Il continua fermement dans le brouillard, utilisant pour ce guider une boussole et parvint à retrouver sa route. Il reprit son ascension qui se transforma vite en une escalade pour atteindre les nuages.

Au niveau du ciel, gardant le palais du dieux vivaient une terrible créature qui s’appelait la Sylphe. Pourtant au lieu du monstre attendu, ce fut une jeune fille qui l’accueillit. Elle l’emmena au chaud dans une grotte et s’occupa de lui avec attention. Mais quand vint le moment de repartir, celle-ci lui demanda de rester un peu plus longtemps. Il accepta. Et plus le temps passé, plus ses paupières se faisaient lourdes. Et plus le feu brulait dans l’atre, plus la Sylphe lui semblait belle. Finalement elle colla ses lèvres contre les siennes et l’attira dans le Lit Venté au fond de son habitation céleste. Mais le jeune homme se souvint du visage de son aimé et repoussa avec douceur la jeune fille qui s’offrait à lui. Alors celle-ci se transforma en un terrible dragon dont les ailes pouvaient d’un battement déclencher les plus terribles tempêtes. Le jeune homme s’empara de son épée et affronta la Sylphe. Finalement après un terrible combat, il blessa le monstre qui prit la fuite dans les vents et la neige. Alors il reprit son ascension pour atteindre la demeure du dieu.

Mais le combat contre la Sylphe avait usé ses forces. Mais la soupe que lui avait donné le vielle homme ne le protégeait plus du froid des vents et de la neige. Finalement à bout de force il s’arrêta sur un escarpement roché et épuisé, s’affala dans les bras glacials de la mort. Il se réveilla dans une grotte non loin de l’escarpement et vit le vieille ermite qui cuisinait une soupe. Il dit au jeune homme.

« Voit le monde tel que nul l’homme avant toi n’a pu le voir. Car tu es le premier mortel à fouler de tes pieds l’antichambre de mon palais. Voit s’étendre les terres et les mers infinis en-dessous de la montagne et les puissantes nations réduites à l’état de fourmillère. Tu peux maintenant redescendre et être heureux ».

« Mais » lui répondit le jeune homme « j’ai promis au Duc d’atteindre votre palais, ô céleste Zegna. Si je ne peux y parvenir, je ne pourrai pas épouser mon aimé, et ma quête aura échoué ».

Le dieu rigola avec douceur et dit « Il faut gravir la montagne pour pouvoir juger de la hauteur du ciel. Je doute de ton échec, Alastan au pied léger. Mais si tu veux essayer de gravir le dernier tronçon pour atteindre mon palais, je ne chercherai pas à t’en empêcher. Sache cependant qu’il n’y a dans ses hauteurs que la mort pour les hommes fragiles. C’est pourquoi ma fille est chargée d’arrêter les voyageurs suffisament fort pour s’aventurer jusqu’ici. Maintenant c’est à toi de te poser la question. As-tu vraiment besoin d’atteindre mon palais pour épouser ton aimé ? »

Le jeune homme sut entendre la sagesse dans la voix profonde de Zegna. Il décida que son orgueil valait moins que la femme qu’il aime ; il redescendit dans son petit village afin d’y cultiver la terre. Il rendit un culte à Zegna et prit el nom d’Alastan . Après plusieurs années de dur labeur, il était devenu suffisamment riche en affaire et alors il s’en alla trouver le duc. Il lui dit
« J’ai gravi la montagne plus haut que nul homme mais je n’ai pu atteindre le palais du dieu. J’ai pu cependant m’entretenir avec lui et entendre la sagesse de son message. Je n’ai pas de preuve d’être aller aussi haut, si ce n’est celle de mon honnêteté. Mais l’empire prospère et durable que j’ai construit pierre après pierre est d’une force plus durable que toute ascension ainsi que la preuve d’une bénédiction. Celle du puissant Zegna dont j’ai foulé l’antichambre de mes pieds ».

Le duc, qui savait reconnaitre l’honêteté crut le jeune homme et Alastan au pied léger épousa la belle Alley et ils vécurent heureux.



Finalement la troisième semaine arriva et avec elle son lot de nervosité et d’emportement. Le silence des mercenaires étaient devenus suspectes et une nouvelle attaque des lions de Maésie fut repporté. Léandre finissait ses soirées exténuaient par de trop longs entrainements, détestant cette situation qu’il ne maitrisait absolument pas. Tout était encore ouvert et possible mais il avait l’impression que pendant qu’il attendait chez Xian, ses ennemis échaffaudaient des plans contre sa princesse et lui-même. Il se réveillait très tôt le matin et passait ainsi de longues heures au bord des eaux en compagnie de Cendre à graver une représenation de Lulia en train de danser pour Unter, dans un style plus Maésien qu’Ignan. Parfois il se demandait si son père n’aurait pas renié son gout plus que prononcé pour la symbolique maésienne, quitte à délaisser les signes primitifs qui foisonnent dans les œuvres des îles d’étés. Celle-ci était habillée dans une robe légère qui laissait voir de longues jambes fines et une gorge ample et gracieuse. Elle était loin de la Lullia virginale qu’il avait amené à Xian. Les proportions du corps avait bien plus d’importance dans l’art maésien, il y regnait un culte de la forme dans les details duquel s’insérait la symbolique. L’art des îles d’étés étaient concentrés sur la symbolique, n’hésitant pas à représenter de manière démesuré un élément de pouvoir ou de candeur. Dans le cas de la Lullia-virginal par exemple il s’agissait avant tout de l’absence de rondeur qui caractérisait normalement cette déesse, qui permettait de l’identifier. Dans l’art maésien, une Lullia-virginale serait surement représenté par un corps frèle et svelte ainsi q’une robe légère et longue. Aucune partie du corps ne serait apparent et peut être ne porterait elle aucun ornement, théoriquement réservé aux femmes mariés dans la société Maésienne. Alors que la version originale aurait de toute façon une parrure de bijoux, surement un collier en forme de blés ou de racines afins de représenter son rôle de déesse de la terre.

Enfin Xian le fit mander par un bel après-midi. Léandre s’était maintenant bien acclimaté à la pièce hétéroclite qui servait d’antichambre et s’installa sans dire un mot auprès de la chicha. Son hôte était absorbé par la lecture d’une lettre qu’il prit le temps de finir avant de la plier soigneusement et de tirer au narguilé. Il prit la parole.

« Des nouvelles viennent d’arriver. Ton groupe de mercenaire a été vaincu… par les armées du Duc d’Asford. Celui-ci a écrit une lettre au conseil des Vaknins t’accusant d’ingérence dans les affaires Maésiennes et réclamant que tu sois amené prisonner à la capitale ».

Malgré l’aspect assez catastrophique de la situation, Léandre éclata d’un rire franc. L’homme de Léos qui avait conçu ce plan ne devait pas s’attendre à ce que le duc d’Asford aille jusqu’à réclamer la capture du plus haut représentant d’une puissance étrangère. Qui était aussi un partenaire commercial de choix. Cette requête était impossible, pas pour une suspiçion d’ingérence… pas même pour une ingérence complète d’ailleurs… Pour que des soldats maésiens se permettent de l’arrêter, il faudrait qu’il tue quelqu’un, ou commette un viole ou autres crimes directes. Ce qui n’était pour l’instant pas vraiment au programme de ce séjour interminablement long.

« Tu t’es fait doubler par Léos, mon ami. Ils avaient prévu ton mouvement et on réagi en conséquence. Asford n’est surement qu’un pantin, ridicule en plus, mais c’est toi qui est en échec. Je ne vais pas pouvoir te protéger éternellement auprès des Viknins et si tu restes en Maésie trop longtemps les soupçons d’ingérences vont finir par être trop fort pour que cela soit sans conséquence. »

Léandre ferma les yeux et inspira longuement au narguilé. Il cherchait une solution à ce nœud gordien mais quelque soit l’option qu’ils choississent, le prince de Léos et ses sbires semblaient avoir sur lui une longeur d’avance. Il ne pouvait pas atteindre les lions de Maésie, ni prouver que le duc d’Asford était soudoyé par une puissance étrangère, quand à convaincre le conseil des Viknins d’intervenir contre une simple troupe de bandits, c’était illusoire. Il revit les vagues s’étendrent sur le sable devant sa maison d’enfance et les ombres de la nuit jouant avec les rayons orangés du soleil couchant. Il essaya de se calmer afin de laisser libre cours à son imagination

« Le conseil des Viknins ne me préoccupe pas pour le moment. C’est plutôt le duc d’Asford qui m’importe. J’ai eu tort de m’attaquer aux lions, c’est lui que j’aurai du viser. Si j’arrive à le retirer de l’échiquier, l’influence de Léos tombera et les convois d’Ignan seront de nouveau en sécurité ».

« Léandre, mon ami. Je sais que Asford est corrompu, mais je te rappelle que je ne peux pas te laisser t’en prendre à un confrère. Et que si tu le fais, ce n’est plus de l’ingérence mais un incident diplomatique grave… très grave ».

« Je sais Xian. Je ne compte pas lui fondre dessus avec Cendre pour le transpercer de ma lance rassure toi. Je pensais à autres choses… Après tout un homme corrumpu est un homme que l’on peut acheter non ? »

Il sourit. D’une certaine manière cela exprimait une partie de son idée. Mais de manière très très incomplète. Il laissa Xian qui le connaissait trop bien réfuter son affirmation.

« Je n’y crois pas une demi-seconde. Tu n’essaieras pas de l’acheter, cet homme te répugne trop. »

Il sourit.

« Bien sur que je ne compte pas l’acheter. Mais l’important c’est ce que les hommes de Léos pensent. Pas ce que toi tu sais. Je me rends à Asford mon ami, pour mettre en place un plan de défense contre les pirates avec notre ami le duc. Ah et oui j’oublais, pour des raisons stratégiques, il est évident que tu dois te joindre à nous ! »

Il sourit largement, regardant la stupeur se dessiner sur le visage de son ami. Puis finalement Xian se reprit et soutin à nouveau les yeux de Léandre avec un peu de sérieux.

« Donc ton plan est de te jeter dans la gueule du loup. Et prendre tout les risques. D’une certaine façon je te reconnais bien la… Et si maintenant tu me disais ce qui va vraiment se passer pendant que tu parades devant Asford et Léos afin d’occuper leur attention ? »

Léandre éclata de rire. Décidément Xian le connaissait vraiment trop bien.
Revenir en haut Aller en bas
Léandre Ua Duibhne
» Messages : 40
» Date d'inscription : 21/09/2013


Les Lions de Maésie Empty
MessageSujet: Re: Les Lions de Maésie   Les Lions de Maésie EmptyMar 8 Oct - 9:59

Partie 3:

Gaia avait dit à ses enfants que leur pères étaient morts. Mais une fois qu'ils eurent quitter son foyer maternel, elle partit à son tour à la recherche d'Eluvens. Alors Unter, le dieux des morts, et Elluvens, le sage aux larmes, se livrèrent un duel dont l'enjeu était de perdre ou de guider la jeune femme jusqu'à la source, et cela sans pouvoir intervenir eux-même. Ainsi débuta la recherche de la Source des Larmes, tel que le raconte le Premier des Gestes Larmoyants. - Ozon le Sage, extrait


La ville portuaire d’Asford est un lieu paisible traditionnellement réservé au commerce avec l’île de Léos. Les autres princes marchands y possèdent bien sur un comptoire mais c’est bien cette première qui détient les parts du marché et les contacts les plus influents parmis l’administration maésienne en place, dont le duc Xenosis d’Asford. Il y régnait généralement une certaine quiétude, loin des affrontements sauvages des princes marchands et de l’effervescence du monde des affaires. La, on ne pensait qu’une affaire n’était réussi que si le contrat semblait équilibré aussi bien de jour que de nuit. Et par nuit on entendait de longues scéances dans les bars à opiums qui parsemaient la ville de long en large et que l’on accompagnait sans scrupule de thé, d’alcool ou même d’un peu de chanvre. De la à penser que les puissances psychotropes aient une quelquonque influence sur le capitalisme naissant des princes, il n’y avait qu’un pas que personne n’osait franchir. Mais il était évident pour tous qu’une relation commerciale se trouvait renforcé avec un bon repas, un bon alcool et une détente paisible et sereine et régulièrement aussi quelques femmes. Ah les Demoiselles d’Asford. C’était peut être la seule affaire de la ville sur qui Léos n’avait pas un contrôle renforcé ; elles allaient comme des divas, dans de longues fourures, toisant les négociants et les marins de longs regards bruns ou azurée, révêlant parfois une longue gorge nacrée qui sera pour le pauvre mousse éberlé un sujet de conversation et de masturbation pendant ses longues traversés nautiques. Le soir pourtant elle se mettait à nue, mais là encore les hommes n’étaient que des joués entre leurs bras parfois frèle, quelquefois fort, toujours agile et gracieux. Elles portaient de la soie, voyageaient en fiacre et avaient toutes un compte courant à la banque. De Léos évidemment.

Au-dessus de ce gracieux foyer de luxure, de foutres, de drogues et d’alcool se trouvait la demeure du Duc d’Asford, surplombant la paisible bourgade de ses lourdes murailles de pierre. C’était une place forte ancienne qui avait vu défilé autant de pirates que de négociants illiens, de raideurs knéoliens aux mercernaires indisciplinés. Beaucoup d’entre eux avaient brisés leurs épées sur ce bastion et quand on admirait la baie d’au-dessus du rempart sud, on ressentait légitimement une certaine fierté. L’intérieur de la place forte était quand à lui décoré de façon des plus admirables. Dans ses temps relativement plus pacifique, le duc actuel, Xenos d’Asford, avait su rendre plus chalereux son interieur de pierre. Le tout restait surement sobre, mais c’était pour un lieu austère une bien meilleur décoration que l’extravagance. Et l’oeuil avertit ne manquait pas de remarquer la petite commode knéoliennedans l’antichambre du duc, le tapis brodé de pourpre dans un style typiquement maésien ou même le buffet septembtrionnale. Aux murs de la grand’salle pendait une tapisserie knéolienne à la fois sobre et coloré et dont l’unique défaut était de ne pas être raccord avec le tapis maésien couleur de jade. A cette faute de gout prêt, le château d’Asford avait été finement décoré par les généreux présents du prince de Léos, grand ami de Xenosis d’Asford, le duc.

Elia, Xian et Léandre furent reçu par le maitre des lieux par un belle après midi. Le soleil était haut dans le ciel et Cendre, qui retrouvait sa liberté pendant que son maître s’enfemait dans ses intrigues de cours fastidieuses, volait en cercle autour du palais en poussant par instant de long sifflement de plaisir. Pas chien pour deux sous, l’aigle de Fae tentait d’établir par moment la connection avec son maître afin que les deux puissent partager cette sensation magique du vol qui permettait à Léandre de s’évadait un peu alors que le duc lui souhait la bienvenue. Certe, cette mission à Asford était une nécessité mais le jeune homme avait usé son quota de patience lors de son séjour à Fom et désirait en finir. Alors pour tenir il se disait « encore un petit moment, encore un petit moment, si je joue mon rôle tout sera finie bien vite ». Et il ferma les yeux avant de les rouvrir pour fixer Xenosis et son repard putri par l’ambition. Puis il répondit :

« C’est un honneur que de vous rencontrer enfin Monsieur le Duc. J’espère que notre collaboration contre Hizan Relano et les raides incessants des pirates se montreront fructueux ».

L’homme se raidit un peu. Il avait été informé des raisons de la présence de l’ignan et de son pair Xian Hellen mais l’entendre aussi fermement le perturba. Il gardait dans un coin de sa tête les paroles protectrices du représentant de Léos, cette mise en garde avertie contre les tentatives de corruption d’ignan et cette promesse de richesse « quelque soit son prix, je le doublerai ». La venue de Léandre Ua Duibhne était donc, bien que suspecte, hautement prolifique mais aussi dangereuse. Alors Xenosis ferma les yeux à son tour en pensant au richesse, rappela à lui son courage de vieux soldats et sa fermeté naturelle et répondit :

« C’est un honneur de vous rencontrer, Léandre Ua Duibhne. J’ai beaucoup entendu parler de vos exploits… quand aux pirates, je les ai combattu une grande partie de mon existence et je continuerai de les affronter pendant bien des années encore. N’ayez crainte, mon soutien sera totale. »

Le jeune homme garda pour lui ses doutes alors que le duc l’invitait dans la grand salle puis dans l’antichambre sur la table de laquelle se déroulait une immense carte de la région. L’ilien et son ami Xian l’inspectèrent pendant que le maitre des lieux leurs servait une coupe de calvados fraichement importé de Knéol.

« Je vois que vous avez un faible pour les arts et coutûmes du Royaume, mon ami » se fendit Léandre en admirant la commode susnommée. « Un bien belle ouvrage. La sculpture est très fine, la répartition du poid équilibré, le traitement du bois et les matériaux utilisés de qualité. N’importe quel homme aimerait possedait une telle commde. »

« Vous me flattez Léandre. C’est un cadeau d’un de mes amis intimes, je n’ai jamais osé lui en demandé le prix. Comment trouvez vous le calvados. »

Le jeune homme retint une grimace devant la force de l’alcool qui lui avait été servi. Il eclipsa de sa tête le prix de la commode qu’il connaisait pour avoir essayer de l’acquérir en faveur de sa maitresse il y a une année de cela, à Knéol et se concentra sur la situation présente. Le calvados n’était pas sa boisson préférée, et il se savait incapable de soutenir une conversation sur un alcool quelqu’il soit. Son apprentissage dans ce domaine se poursuivait à la cours de Maylis, mais à part désespérer la princesse par ses gouts rustres, il n’arrivait jusque là à rien. Il faut dire que la vie d’un mercenaire était plus souvent faite de piquette et de tort-boyeaux et sa seule véritable connaissance dans ce domaine se résumait au rhum, comme tout bon illien qui se respect.

« Je ne flatte jamais Duc. Je suis un homme trop simple pour ça… un soldat, c’est tout. Pourrai-je vous reprendre un peu de cet excellent calvados ? J’apprécie beaucoup la finesse du trait, son gout fouetté malgré la chaleur de l’alcool, cette sensation de… je ne sais quoi… qui vous transporte ».


« Ah oui n’est ce pas ? Tenez je vous en remet un peu mais n’en abusez pas, nous avons une ligne de défense à préparer pour nos cotes de Fom à Asford. C’est beaucoup. » Et il resservit le jeune homme sous le regard amusé de Xian Hellens.

« Je pense que nous devrions établir un poste avancée sur l’île de Serpentine, Fom et Asford. Ce n’est certe qu’un gros cailloux, mais c’est une cache idéal pour les pirates. Les yeaux y sont corailleuses, les navires qui ne connaisent pas les fonds ne peuvent s’y aventurer. Et les grottes peuvent y etre facilement aménagé pour entretenir une garnison. J’y ai moi-même passé quelques jours il y a cinq ans de cela. Une autre époque »


« Si je me souviens bien tu étais passés de toi-même par-dessus le bastinguage pour sauver la fille d’un commercant qu’une vague avait emporté ? Les hommes qui vous ont repêchés sur l’ile m’ont avoués vous avoir trouvé quasiment nu tout les deux, à vous jeter des regards à la fois complice et coupable »[/color]

Léandre s’empourpra devant cette attaque lancée par son ami alors que le duc éclata de rire. La vérité sur cette sombre histoire n’était pas si loin de ce qu’imaginait Xian, voir tout à fait fondé quand aux regards « à la fois coupable et gêné ». Le dompteur ferma les yeux à l’évoquation de cette jeune fille. Elle avait quinze ans, des yeux magnifiques, une peau aussi brune que le sable et des seins comme de poires mures. Son regard était aussi timide que l’écume qui s’estombe sur le sable. Il tenta de repousser la honte qui le submergeait à cette évoquation ; sa main, comme pour se donner bonne conscience, se referma sur sa bourse. L’image de la princesse d’Igna flotta devant ses yeux. Ses jambes avaient envie de courir au loin, très loin de cette pièce sombre et de ses intrigues qui le hantaient. Cendre et sa lance à la main, voila où était sa vie. La rédemption suivait parfois un chemin bien étrange, souvent douloureux, surtout quand elle participait à perpertuer la faute.

« Elle s’appelait Naia. Si nous en revenions au pirate plutôt qu’à mes exploits de Dom Juan ? L’île de Serpentine serait un bastion couteux à envahir pour Hizan et il permettrait des patrouilles sur le secteur ainsi qu’une plus grande visibilité sur les navires en route vers Asford. Cela vérouillerait la zone sur plusieurs miles ».

La suite de la conversation fut passé en détails sur l’importance des flottes, le nombre de vaisseaux engagés par chaques factions et les conséquences du mouvement pour la flotte pirate. Léandre n’écoutait plus, à tel point que Xian lui jeta plusieurs fois des regards inquiets. L’évocation de Naia l’avait rendu à lui-même et le monde semblait avoir disparu. Avec hargne, il luttait contre son propre cœur pour ne pas s’effondrer et reprendre ses esprits. Il allait en avoir besoin. Bientôt Xian s’éclipsa pour quelques minutes, laissant les deux hommes en tête à tête. C’était le moment d’agir alors le dompteur balaysa ses doutes et sa honte et repartit à l’assault.

« Duc, à propos des lions de Maésie… »
il nota la petite lueur cupide dans les yeux de son interlocuteur. « J’aimerai que vous fassiez quelque chose pour les saisirs. Ils sont hors de ma portée mais s’attaque constamment aux convois d’Ignan. Si l’autorité maésienne pouvait intervenir dans cette affaire, je vous en serai très reconnaisant ».

« Léandre… je suis désolé mais c’est chiens qui se prétendent plus féroce qu’ils ne le sont se cachent comme des souris. Ils sont hors de ma portée et quoique je fasse il m’échappe encore et toujours. Avez-vous demander l’appui de Xian… Je supose que oui ? »

La réponse du duc n’était pas différente de celle attendu. Il bottait en touche de la manière la plus évidente mais c’était justement ce que Léandre voulait. Après la finesse et la politesse, rompre sa défense en parlant très ouvertement. Ne pas montrer sa peur et être agressif, c’était ce dont il avait besoin ici.

« Je vous paierai plus que Léos, n’en doutez pas. Mailys d’Oréon est riche, très riche. Cette commde que vous avez, nous pouvons vous en offir dix, quinze, vingts. Tout ce que nous demandons est que les attaques cessent. Le commerce ici peut rester dominer par Léos, ca nous est égale ».

Une proposition honnête mine de rin. Que le duc refuserait. D’une certaine façon, c’était presque triste de faire la seule offre intègre dans le vent, juste pour faire bouger les pions. En même temps, si le duc acceptait la proposition, Léandre s’en trouverait bien ennuyé car il n’avait absolument pas l’intention de quitter Asford sans avoir détruit cet homme et anéanti l’influence de Léos. Certains diront qu’il était un homme ambitieux rendus fort par ses convictions mais la vérité était plus simple que cela : son orgueil était blessé par l’échec de son plan initial et il voulait se rattraper pour ne pas rentrer penaud à Solaria. Le duc le regarda extrêmement surpris, la lueur de cupidité s’agrandissant dans ses yeux au point de les déformer. Puis avec une grandeur extrême, il acheva cette négociation superfêtatoire.


« Je ne vois pas de quoi vous voulez parler ».

Heureusement Xian Hellens rentra dans la salle avant que le silence ne se fasse vraiment pesant et reprit la stratégie en parlant jovialement, faisant remarquer à Léandre que si il fallait établir un bastion sur toute les iles où il avait forniqué, la flotte maésienne serait bientôt à court de navire. Le jeune homme s’empourpra poliment et attendit la fin de la réunion avec patience, laissant son esprit vaguabonder entre le corps de la frêle Naia qu’il revoyait en rêve, le futur incertain de la jeune fille dont il ignorait tout et l’image de Mailys qui semblait se moquer de lui, de son inconstance, de son incapacité à aimer et à garder. La princesse l’obsedait, le manipulait, le possédait, il n’était devant elle qu’un pantin articulait par son désir qui cherchait à se libérer de l’entrave de ses fils qu’il avait lui-même noué. Cette attitude schizophrénique l’oppressait mais lui-même était forcé de reconnaitre la raison de la princesse. Si il était un bon soldat, il était aussi un bon diplomate et représentant, et ses deux talents cumulés au sein d’une puissance marchande expliquait surement en partie pourquoi ELLE l’avait choisie.

Quand la réunion s’acheva enfin, Xenosis d’Asford les invita à sa table où les mets et les vins furent tous excellent. A cette occasion, plusieurs haut dignitaires de la ville et de l’administration maésienne s’était réunie, ainsi que le représentant du comptoire de Léos, un illien aux traits fins qui discutaient avec Eliah quand Léandre pénétra dans la salle. Son commandé rougit un peu, pris en flagrant délit de discussions avec l’ennemis mais l’ainé des deux dompteurs lui fit savoir d’un signe qu’il n’y avait la aucun mal. Deux illiens discutant ensemble dans un château maésien, s’était d’une logique imparable. Et puis tant que bavardait n’empêchait pas ensuite de trucider son adversaire, il n’y avait pas de problème. Repoussant cette idée violente, il pensa à Istan qu’il avait envoyé avec les deux dompteurs illiens à l’intérieur du conté de Fom. Ceux-ci étaient sensés enquétés sur la disparition des mercenaires afin de fournir des preuves quand à leurs executions et à la corruption d’Asford. Ce n’était pas une mission difficile mais elle était dangereuse et importante, c’est pourquoi il avait envoyé Istan. L’homme avait de l’expérience, du courage et de la sagesse, il semblait adequat pour ce genre de mission. Et c’était d’autant plus vrai qu’il avait besoin d’Eliah, ce jeune homme inexpérimenté, ici à Asford ; quand ils se mirent à table, le plus jeune des dompteurs prit place à coté du marchand de Léos et les deux continuèrent de converser. A la place d’honneur à la droite du duc, Léandre demeura le plus silencieux possible, tout en restant poli et courtois. Il avait la réputation de peu parler, rarement dans le vide, et de ne pas aimer les discussions juste pour la forme. Sa conversation était connue pour être souvent précise, bien informée, mais souvent brève et il entretenait cette image si spéciale pour un illien avec ferveur. Xian lui, s’était mué en une piplette inarrêtable qui déblaterrait sur tout et rien, rendu un peu joyeux par le vin et l’ambiance gaie de la salle. Puis finalement Léandre atteignit la limite de sa patience, et sans attendre le dessert rompit son mutisme avec autorité.

« Xian Hellens, TAISEZ VOUS ».


Plusieurs personnes dont le duc le regardèrent sans vraiment comprendre. Xian lui-même semblait interloqué.

« Je vous prie de m’excuser monsieur le duc. C’est cette conversation sur Naia qui me fait perdre le chemin de l’équilibre. J’ai besoin d’air » Ainsi il se leva et avec la bénédiction de son hôte, sortit vers les jardins, jetant à Eliah un regard entendu que le jeune homme lui rendit. Marchant là pendant de longues minutes, il tenta de calmer son esprit du mieux qu’il put. Si sa colère était feinte, sa tête était en effervescence, or il avait appris que pour mener la partie cruciale d’un plan à bien, il fallait ne penser qu’à son objectif, ne pas se perdre en conjoncture, rester concentré. Le banquet prit fin dans la grande salle alors que sur une muraille le jeune homme regardait la lune brillée comme une mère sur la cité d’Asford. La lumière de l’astre se mêlait aux feux de la ville et l’image rendu semblait surréaliste. Cela l’apaisa. Puis il rejoint sa chambre et regarda par la fente meurtrière qui lui tenait lieux de fenêtre. Aigle était surement quelque part dans une des forêts de la région à attendre. Il soupira, son aigle lui manquant déjà. Cela faisait trop longtemps qu’il n’avait pas volé sur le dos de son partenaire à la recherche d’un peu de frisson.

L’homme pénétra dans sa chambre à minuit. Comme attendu, il ne fit presque aucun bruit mais le dompteur l’attendait. Léos avait était prompt à agir, et visiblement assassiner un convive du duc ne les dérangeait pas. Le développement était celui qu’il désirait, et c’était un mouvement logique compte tenu de la cupidité de Xenosis d’Asford et de la puissance fiancière d’Ignan. S’empara d’un poignard de facture illienne qu’il gardait toujours avec lui, le dompteur fit face à l’assassin. C’était un homme originaire de Knéol dont on ne distinguait que vaguement les traits à travers l’obscurité. Il était vêtu d’une longue cape foncée et tenait à la main une dague. Seul la lumière de la lune qui passait à travers la meurtrière éclairait les deux hommes. Puis Léandre bondit, attrapant le bras qui tenait la dague avant que son adversaire ne puisse frapper, et utilisa sa force pour plaquer le knéolien sur le mur. Si il n’était pas d’une carure impressionnante, il était un pur sang-mêlée et rare étaient les hommes qui s’attendaient à ce mélange de force et de vivacité qui le caractérisait. Il plaqua l’homme au mur et planta sa dague dans le coup de l’intrus, sans même lui jeter un regard. Un bruit de bulles qui éclate et un rale d’agoni vinrent l’asperger de sang, tachant sa simple tenue de toile d’un flot de tache rougeatre. Il continua de presser sur la dague jusqu’à ce que la force dans le bras de l’homme s’évanouisse et laissa le cadavre retomber dans un floppis étrange. Ca avait été plus facile qu’attendu mais le terrain était à son avantage pour une fois. Il fit disparaitre sa dague dans sa manche et se lanca dans une course folle à travers les escaliers.

Vice volontaire ou non, la chambre de Xian était de l’autre coté de la fortification. Léandre avait laissé à son amis le jeune Eliah comme protection car la perspective d’un assassinat lui avait semblait crédible des le début. Mais plus il courrait, plus une sombre terreur s’emparait de lui. Eliah suffirait il si Léos avait visé et Xian et lui ? N’avait’il pas commis une erreur ? Tentant de se calmer, il concentra ses efforts sur sa course afin de mieux la gérer et arriva essouflé dans la chambre de Xian dans laquelle il pénétra sans prendre la peine de taper. Là l’attendait ce qu’il redoutait. Xian Hellen gisait sur le sol et un homme tenant des lacets étaient penchés sur son cadavre. Les deux êtres se regardèrent défiant et Léandre se précipita la dague en avant sur l’assassin. La suite fut pour lui d’une incompréhension la plus totale. L’homme bondit sur la droite et le frappa au ventre de son poing droit, lui coupant le souffle. Le dompteur entendit sa dague raisonnait sur les dalles de pierre quand il vit un long poignard recourbé apparaître dans la main gauche de l’assasin, prêt à s’abbatre sur lui. Il poussa sur ses jambes pour se propulser hors de portée mais la lame se referma sur son épaule en déchirant ses chairs. Il finit son bond debout contre le mur, tout ensanglanté. Il fit volte face et attrapa de sa main droite le poignard que l’assassin venait de lui jeter au vol. Un voltigeur de Knéol… il s’était attendu à tout mais pas à ça. Malgré son habileté et sa vitesse, le duel semblait perdus d’avance. Il fit pivoter le poignard qu’il avait attrapé et fit face à son adversaire en le regardant avec férocité. Alors l’assassin, en jetant sur lui un regard aussi inexpressif que vitreux, sortit de la pièce d’un bond léger et malicieux. On aurait cru un ange maudit qu’on ne peut attraper et qui fait tomber la mort où qu’il aille et ceux de manière implacable. C’était seulement la deuxième fois qu’il faisait face à un voltigeur et la première fois déjà il avait été blessé par son adversaire qu’il avait cependant réussi à tuer. Il tomba à genou en se prenant l’épaule, bouillant de rage intérieurement sur le cadavre de son ami. Des sentiment divers l’envahissaient, de l’appréhension, de la lassitude, de la peur. Quand Eliah et les soldats du duc rentrèrent dans la chambre, il s’était mis à trembler et il regarda l’adolescent d’un air suppliant, presque larmoyant. De violents spasmes le secouaient. Alors le jeune homme prit la parole et lui dit, soutenant son regard.

« Léandre Ua Duibhne. Vous êtes en état d’arrestation pour le meutre de Xian Hellens, protecteur du comté de Fom. Saisissez-vous de lui, le Duc rendra son jugement dans quelques jours ».


Léandre sentit deux hommes s’emparaient de lui et alors qu’il le trainait jusqu’au cachot, la douleur dans son épaule se ranima pour le faire sombrer dans l’inconscient.



Partie 4 et dernière:


La plus grande faiblesse des illiens est de croire que tout homme est corruptible.
- Léandre Ua Duibhne


Les journées s’enchainèrent bien plus péniblement alors que dans le conté de Fom. L’attente s’était changée en une inactivité forcée dans cette cellule sombre ; la douce brise maésienne et le bruit de la mer avait laissé la place aux matraquement incessant des rats sur les dalles de pierres, au froid de la roche vive contre laquelle Léandre était adossé. Et sa sensation d’invincibilité qui l’avait talonné tout le long de son séjour maésien s’était muée au niveau de son épaule en une longue plaie sanguinolente qui se ravivait à chaques mouvement. Le jeune homme faisait de son mieux afin de rester immobile mais le sol d’un caveau n’étant pas un coussin digne d’un blessé, il lui arrivé périodiquement de déplacer ses fesses endoloris par tant d’immobilisme.

Très vite, la douleur se mêlant à l’abrutissant le plus totale de ce caveau sans lumière, le temps devint une notion abstraite ; la conscience aussi. Il était peu nourris et l’emplois du temps de ses geolliers avaient été dessinés par quelques schizophrène mi-hystérique, mi fumeur d’opium. L’eau était rance, la nourriture pas assez cuite, et l’irregularité la plus complète avec laquelle il était ravitaillé le plongèrent plusieurs fois en un état de faim avancé. Quand sa main se referma sur un rat qui s’intéressait d’un peu trop près à son épaule, il dut retenir la pulsion qui lui dictait de mordre dedans. La scène s’acheva par un flot de vomis dégoulinant lamentablement sur ses vêtements déchirés et qui s’était imposé de lui-même devant l’idée de ce repas de rats et de punaises. Si la conscience était devenu une notion abstraite, le sommeil, cet état salvateur à la fois long et reposant, avait disparu du nombre de ses humeurs. A la moindre absence trop prolongé, un rongeur aussi noir que les ténèbres se précipitaient sur son épaul pour tenter d’en dévorer les chairs. Le plus souvent la douleur atroce que les petites pattes engendraient au niveau de son épaule le réveillait désagréablement et dans un grognement gutturale, sa main valide se refermait sur le rongeur et serrait. C’était un des rares moments de plaisir qu’il trouvait dans son obscurité, celle de refermer sa poigne inexorablement sur les petits rongeurs. Les morsures et les griffures de l’animal luttant pour sa vie ne le dérangeait plus. Il serrait toujours plus jusqu’à ce que la bête sombre dans les bras de la mort.

De temps en temps des hallucinations semblaient le prendre. Le plus souvent il voyait des silhouettes puissantes et allongés… Une jeune fille dansait devant ses yeux. Elle était vêtu d’une longue robe blanche, ses traits étaient ceux de Naia. A moins que ce ne soit ceux de Mailys ? La danse l’envoutait. Alors un homme arrivait. Il était grand et fort, comme une montagne mais sur ses traits usés par le temps on pouvait lire un entremêlage de sagesse et de ruse. Il portait une longue toile de fourrure que couvrait des crânes de morts. Et la jeune fille lui disait :

« Viens Arkai, viens à moi et je t’aimerai pour toujours »

Mais inéxorablement les bras de l’hommes se refermaient sur son corps frèle et serrait, infligeant au corps féminin ce que Léandre faisait au rat. La jeune fille hurlait à tout poumon mais personne ne venait à son secours. Son corps retombait au pied du prisonnier et l’homme lui tendait la main en disant.

« Tu m’as bien servi Léandre. Vient te reposer dans la demeur souterraine de ton maître. Viens profiter du palais d’Unter car tu l’as mérité ».


Parfois la jeune fille portait dans ses bras un enfant. Elle était aussi belle que le jours, et son visage était celle de toute les femmes qu’il avait aimé. Leurs yeux brillaient dans les ténèbres mais ne le regardait pas lui. C’était mieux ainsi. Comment aurait il pu résister à leur regard accusateur ? Un homme alors apparaissait derrière lui. Il était aussi fin que ne l’est l’aurore, aussi beau que ne l’est l’été, aussi patient que le crépuscule au-dessus des flots et aussi courageux que le plus apres des hivers. Il enserrait la femme dans ses bras et regardait l’enfant. Puis l’embrassant il disait.

« Ainsi vivront les enfants d’Eluvens, ceux dont le sang est aussi mêlé que le miens. Protéger son sang est le devoir d’un père et ainsi j’essairai d’aider mes enfants de la manière dont je t’ai aidé, en envoyant des signes et des rêves à leurs esprits ».


Léandre alors se réveillait, des sueurs froides courant sur son front. Dans un moment de lucidité, il adressait une prière au sage Eluvens, coupable et honteux. Il lui demandait de veiller sur son sang et de lui inspirer le courage d’aller jusq’au bout de cet idée catastrophique et de son emprisonnement. Il parvenait, malgré le délire, à garder la tête froide, concentrait sur ses objectifs. Il se répêtait sans cesse qu’il y avait une raison à son emprisonnement. Que sa mission était de détruire l’influence de Leos en Asford et qu’Istan était encore la dehors en train d’enquêter. Que tout serait vite terminé, que ce soit par son execution ou par la chute de Xenosis. Et rangeant cette pensée rassurante dans un tiroir de son esprit, il s’abandonnait de nouveaux aux irresistibles délirs de la fièvre et de la douleur.

Un jour on lui apporta une cruche de vin, bien plus de ce qu’il ne pourrait boire. La dernière fois qu’on lui avait servi de l’eau remontait à un passé lointain et nébuleux et Léandre n’eut d’autres choix que de s’abreuver à cette source aussi divine qu’empoisonnait. Il bu lentement, laissant l’alcool montait peu à peu et cherchant à garder l’esprit clair malgré cet entrave supplémentaire.

Quand le verrou s’ouvrit pour la première fois en laissant entrer un homme, il ne le reconnut pas tout de suite. Il n’en eut pas besoin car il attendait cette visite. Pourtant il laissa son esprit s’étonnait sur son visiteur. Les cheveux coupés à la mode militaire, une tenue de parade pour protecteur et un peu de maquillage, et Xenosis d’Asford semblait un homme rude et dangereux qu’il ne fallait surtout pas défié à la légère. Un petit sourire, surement du aux effets de l’alcool, vinrent déformer ses lèvres. Il attendit que son geollier ne commence de lui-même la conversation. Pendant que celui-ci le fixait avec un air victorieux, Léandre avait envie de vomir le peu de bile qui restait au fond de son estomac sur la belle jupe militaire maésienne qu’il portait. Mais il n’y parvint pas, l’alcool étant parfois un peu capricieux.

« Léandre Ua Duibhne » Le duc semblait se délectait des titres de l’homme qu’il tenait entre ses fers. « Champion d’Igna, bras droits de Mailys d’Oréon, l’homme qui couche avec les requins, le voleur de brumes, le très-haut, Léandre au pas léger... Que de surnoms et de titre pour un homme d’à peine vingt trois ans. Combien d’entre eux sont usurpés ? »

Léandre ne put retenir un rire franc. « Aucun. La vraie question, c’est quel dieu a veillé sur moi à travers toute ses aventures afin de me faire survivre. Il faut croire que je dois être dur à abattre… Au fait, vous avez oublié que je suis celui qui a fendu la flotte pirate pour défier Hizan… je n’ai pas le droit à un petit surnom pour ça ? C’était pourtant une belle percée ».

« Où vous avez failli perdre la vie. Hizan est vraiment trop faible pour ne pas avoir réussi à vous achever. Mais en Maésie vous ne m’échapperait pas. Vous êtes mon prisonnier et je vous ferai excecuter pour assassinat et ingérence dans les affaires de l’empire. Vous avez perdu ».

Léandre rigola à nouveau, un rire jaune qui se tentait assuré. « Vous vous précipitez, ma tête tient encore solidement sur mes épaules… ces dernières par contre. Soyez gentil et aller me chercher une infermière, mon bon hôte »

Le coup de poing le fit plus rire qu’autres choses. A ce stade de l’ivresse, la douleur était devenu quelque chose de relativement subjectif qui n’avait plus vraiment d’importance. Il garda cependant le silence, fixant Xenosis de son regard le plus impertinent.

« Où est Istan ? Je sais qu’il vous a accompagné jusqu’à Fom. Où est il ? »

Le duc semblait vraiment préoccupé par Istan. Capturer un homme d’Igna était une chose, le garder quand la princesse Mailys voulait le récupérer, une aide bien plus ardus. En fait, Léandre ressentait une forme de pitié pour Xenosis. Et une compassion immense pour le représentant de Léos qui avait du s’étrangler en entendant que son homologue avait été emprisonné. Du fond de ses ténèbres, Léandre avait pu remettre en ordre le puzzle. L’attaque avait été trop rapide, le style trop direct. Le commanditaire ne pouvait pas être un illien, c’était donc du duc qu’il devait s’agir. Celui-ci avait surement saisi l’opportunité de se débarasser d’un rival gênant tout en espérant recevoir une récompense pour avoir fait tomber l’homme fort de la princesse. Si l’idée n’était pas essentiellement mauvaise, sa réalisation avait été si brutale qu’elle était vouée à l’échec, selon les principes illiens en tout cas. Et maintenant, le duc était à ses pieds pour essayer de contrer le prochain mouvement prévu par Léandre. Au fond de lui il avait compris que si il avait réussi à ferrer sa proie, sa situation n’en était pas forcément amélioré. Non vraiment c’était pitoyable et risible. Même la corruption d’Eliah lui semblait grossière et irréaliste. L’argent avait du être avancé pendant que Xian, Xenosis et Léandre parlait stratégie… Mais corrompre quelqu’un par le biais d’un intermédiaire était surement le coup le plus dangereux qu’il soit sur un échiquier politique. C’était presqu’une honte que ce plan ait réussi.

« Istan est hors de votre portée. Hors de la mienne aussi. Quelque part en Maésie, mais je ne peux pas vous dire où, je ne le sais pas moi-même. Vous voulez que je vous donne un conseil, duc ? » Il regarda dans les yeux son interlocuteur avec insistance. « Fuyez. Fuyez pendant qu’il est encore temps. L’instant est au calme et à la temporisation… Mais quand cet instant se brisera, alors ce sera le temps de la fougue, le temps de l’action. Le glorieux moment où les lames s’entrechoquent et les boucliers se brisent. Vous ne voulez pas connaitre ça, pas contre moi. Fuyez duc, car ce qui est à venir vous dépasse. Et si vous restez, je n’aurai pas la moindre pitié. Vous allez mourir, et c’est moi qui tiendrait la lance qui percera votre gorge ».

La lame brilla dans les ténèbres. Elle se planta dans son épaul, lui arrachant un hurlement de douleur. Pris de convulsion ses jambes se retournèrent pour lui donner l’air d’un pantin inarticulé et inconscient. Quelque part dans le fond de ses yeux brillaient encore la lueur de l’intelligence et il entendit le duc dire au fond du brouillard auditif que la douleur formait autour de lui

« Vous n’êtes absolument pas en état de tenir votre lance, Léandre Ua Duibhne. Nous sommes mardi. Dimanche je vous ferai exécuter en place publique à Asford. Notre ami commun, Eliah, tiendra l’épée lui-même, si cela peut vous donner du baume au cœur ».

Il se leva et pris la direction de la sortie mais la voix de Léandre l’arrêta d’un rale.

« Cinq jours ? Priez pour que la tempête ne vous embarque pas avant, Xenosis d’Asford. » La porte claqua.

Alors la noirceure monotone qui avait envahi son quotidien reprit. C’était une sorte d’infini desespoir qui ne laissait pourtant pas le temps de se lamenter. La fièvre, la douleur et les rats qui expirent étaint des divertissements trop prenant pour laisser le temps de penser à la mort. Quelque fois, quand il retrouvait sa lucidité, Léandre adressait une brève prière à Unter. Mais aussi passioné de mythologie soit il, impregné de mysticisme et doté d’une foi en la nature à toute épreuve, il ne trouvait jamais en lui le gout d’une sincère pieusité. Il n’avait jamais prié que pour le plaisir d’honorer les symbols qui l’intéressaient temps, et face à la mort froide et noire, il ne connaissait pas de prière digne de la situation. De celles qui soulagerait par leurs symboliques et leurs références, par la beauté du texte et du sens mêlés, son inconscient perturbé au seuil de la mort. Et même Unter, qui était le dieu qu’il vénérait le plus, ne put trouver grâce à ses yeux. Seul le Sage Eluvens et les écrits d’Ozon lui revenait sans cesse à l’esprit

La porte s’ouvrit une deuxième fois pour laisser un homme en tenue militaire. Cette fois-ci, on ne lui avait pas apporté de vin et seul la fièvre s’interposait entre ses capacités d’analyses et la réalité. L’absence de repère temporelle l’avait perdu et il ne savait pas quel jour on était. Il ne pouvait pas non plus dicernait le visage du visiteur dans la lumière de la torche qu’un homme tenait derrière lui. Alors ce ne fut que lorsque celui-ci prit la parole qu’un soulagement l’envahit enfin.

« Te voila bien mal en point, Léandre, mon ami. Tu ne devrais pas prendre les roles les plus dangereux pour toi , maintenant que tu es au commande. »

« Un bon chef est celui qui est prêt à se sacrifier pour n’importe lequel de ses soldats, Xian Hellens. C’est vous qui m’avez appris cela. Comment va le morpheur qui a pris ta place ? ».

« Il est mort. Je suis désolé Léandre. Le voltigeur était un professionnel, on a eu des difficultés pour le retrouver avec Istan. Un de tes hommes a été tués quand on a voulu le maitriser. Mais il a finalement avoué. J’ai une lettre scellé par le conseils des Vaknins faisant de moi le protecteur délégué au duché d’Asford et me donnant le pouvoir de captuer et d’exécuter Xenosis d’Asford… Pour mon propre assassinat. Douce ironie. »


« Quelle est la situation dans la place forte ? »

« Les hommes fidèles au duc contrôle encore une bande partie des lieux mais on tient la porte et du renfort arrive. Eliah est encore auprès du duc. Viens, je vais t’escorter en dehors du château afin que tu puisses recevoir des soins ».


Le jeune homme éclata de rire. Puis répondit : « Hors de question. Donne moi une bouteille d’eau de vie pour la plaie et la douleur et je vais m’occuper de Xenosis moi-même. »

Xian soupira mais délivra le jeune homme de ses chaines. Celui-ci n’attendit pas une escorte et serrant les dents, se précipita le long des escalivers vers la muraille la plus proche. Une nausée irrésistible, conséquence de la fièvre qui s’aggripait à lui, le faisait presque vaciller. Mais il devait mettre fin à ce plan et terminer cette bataille comme il l’avait prévu. Et abbatre Xenosis biensur. Après si longtemps passait dans l’immobilité et le noir, il avait l’impression de revivre en sentant ses muscles se déployaient à nouveau. Tout son corps était rouillé et pour chaques dépots de rouilles qui tombaient au sol une douleur intense se faisait sentir à travers tout le membre concerné. Mais si Léandre avait une qualité, c’était sa volonté. Il serra un peu plus les dents et continua de grimper, sans armes, jusqu’au muraille.

« Cendre… Cendre… CENDRE » pensa-t’il le plus fort, si tant est que l’on peut penser fortement. Il n’attendit pas la réponse de sa monture. La connexion était devenue un automatisme entre les deux partenaires et sans même prendre le temps de s’arrêter sur la muraille, il bondit sur le créneau et plongea dans le vide sous le regard des soldats éberlués. Avant de reparaitre sur le dos de son aigle, sans scelle ni armes, son bras valide enserré autour du coup de la bête, le reste de son corps plaqué à la puissante épine dorsale de l’oiseau.

« Vers la tour la plus haute. C’est la qu’ont du se réfugier Xenosis et Eliah » et Cendre effectua un long tournant dans le ciel pour arriver au niveau de la tour où le protecteur déchu et le jeune illien se trouvait. Des créneaux ils regardaient la bataille qui penchait désormais en leur défaveur. Le duc fut le premier à l’apercevoir.

« Sois maudit, Léandre Ua Duibhne ». Il arracha un arc composite de la main d’un de ses soldats et s’empara d’une flèche pour viser l’aigle. Il ne sentit même pas la lance d’Eliah se planter dans son coup. La mort le saisit avant. Les hommes présents sur la plateforme se regardèrent sans comprendre. Puis avant qu’il ne puisse réagir, Eliah se jeta du rempart, plongeant à son tour dans le vide. Un coup de glaive fendit inutilement l’air. Léandre et Cendre plongèrent pour récupérer le jeune illien et l’aigle enfin referma ses serres sur lui, puis s’éloigna du champ de bataille.

Ils attérirent dans la cour du château désormais entièrement sous le joug des soldats de Xian. Le protecteur l’attendait le regard satisfait et fit signe à un médecin de s’approcher sitôt que Léandre eut mis pied à terre. Celui-ci ne tint pas debout plus de quelques secondes ; il s’écroula sur le sol, à peine conscient. Ses jambes tramblaient, son unique bras valide aussi. Son épaule, quand à elle, n’était plus qu’un champ de douleur. Alors jetant un regard à Xian, il se laissa glisser dans l’inconscience.

Quand il se reveilla, Xian, Istan et Eliah se trouvait la. Son épaule était bandé et il pouvait sentir un onguent entre le tissus et sa chaire meurtrie. Il regarda Eliah et sourit.

« Bravo ! Tu as été parfait. Bravo à toi Isthan… Je suis désolé pour l’homme que tu as perdu. Cet homme était vraiment fort, je sais de quoi je parle… » Alors il rigola, sincèrement, heureux d’être en vie, simplement, et de pouvoir continuer son chemin.
Revenir en haut Aller en bas
 

Les Lions de Maésie

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Inclinez-vous devant le prince de Maésie ! [en cours]

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Mascaria :: L'auberge des aventuriers :: Cheminée aux légendes-